Drapeau Révolution JasminJ’ai senti les larmes me monter aux yeux la nuit dernière lorsque, travaillant nuitamment sur fond sonore de I-Télé, j’ai ouï dire que le président Ben Ali avait quitté la Tunisie avec une partie de sa famille pour une destination alors encore inconnue.

Souriant et ému, j’ai éteint l’écran de mon ordinateur et débouché une bouteille de vin rouge pour lever mon verre en un salut silencieux à la gloire de ces femmes et hommes, n’ayant que trop souffert, qui ont su se lever et se battre.

Moi, petit français de France, je voulais descendre dans la rue, rire et chanter aux côtés de ceux qui ont un jour dû quitter leur terre natale pour chercher une vie meilleure ailleurs et qui voient aujourd’hui le combat de leurs frères et amis restés au pays couronné de succès.

Parce que la révolution n’a pas de frontières.

Et pourtant, depuis la fin décembre que je suivais d’un œil désabusé ce conflit entre la population et le gouvernement tunisien, je n’ai pas cru un seul instant à la réussite de son entreprise, trop habitué que je suis en France à voir ces veaux corrompus plus facilement  encore que nos politiques à la moindre tentative d’insoumission. Juvénal a toujours eu raison.

Je suis également attristé par le comportement de certains tout au long de ces évènements. Par la France en premier lieu, qui commence par ignorer les problèmes que subissent la Tunisie et l’Algérie, puis qui propose son aide et son savoir-faire à Ben Ali en matière de répression policière, « Police partout, justice nulle part », avant de refuser d’accueillir le président déchu sur son territoire, ce qui selon moi aurait pu se faire en toute neutralité, ne serait-ce que par respect pour la Tunisie. Par les médias ensuite, qui ont soutenu cette attitude en ne parlant d’abord que d’une manifestation violente sans en faire passer le message qui l’a motivée, pour jouer les journalistes de terrain en filmant la foule en liesse une fois tout danger écarté, et parler alors de Ben Ali comme d’un dictateur, ce qui aurait été bien entendu politiquement incorrect avant d’être sûr de l’issue du duel. Et par les Tunisiens enfin, qui ont mit tout ce temps à comprendre qu’en démocratie, aussi illusoire soit-elle, un dirigeant n’a que le pouvoir que le peuple lui octroi, et que demander au président de bien vouloir quitter le gouvernement est la chose la plus ridicule qui soit.

En revanche, je souhaiterais saluer l’Armée de Terre et ses chefs, dont on parle bien peu à mon goût, qui ont su résister à la corruption qui gangrène ce pays pour choisir de défendre la Tunisie et les Tunisiens.

Le peuple tunisien m’a redonné une lueur d´espoir, aussi faible soit-elle, en mes semblables. Verrais-je un jour la France sortir de sa torpeur pour gagner sa Liberté ? Peut-être. Et jusqu’à ce que ce jour vienne je me tiendrais prêt et ne cesserais de me battre pour défendre la démocratie et la Liberté. Et si je ne vois pas ce jour arriver, c´est moi qui mènerais la révolution.